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Coronavirus : espoir, mais …

Les derniers chiffres publiés confirment le retournement de tendance anticipé par les modèles

Les derniers chiffres publiés concernant les décès recensés dans les hôpitaux publics rendent les précédents modèles de prévision caducs. Ces modèles étaient, jusqu’à présent, fondés sur une fonction puissance permettant de simuler une croissance de type exponentielle.   En réalité, les modèles épidémiologiques classiques sont fondés sur une fonction logistique et le plus souvent une sigmoïde. On trouvera dans wikipedia des définitions satisfaisantes de ces processus. Une courbe sigmoïde ressemble à un S aplati, d’où son nom. La première partie est exponentielle (croissance à taux croissant), suivie dans une deuxième partie d’un ralentissement (croissance à taux décroissant). Jusqu’à avant-hier, nous étions dans la phase de croissance. Nous entamons désormais la phase de décroissance. Il convient donc d’utiliser un nouveau modèle fondé sur une fonction logistique, ce qui était impossible auparavant par manque de données ; ce modèle permettant de simuler une évolution non exponentielle comportant un frein et un maximum (K)

Le modèle logistique utilisé est de la forme suivant :

f(t) = K . 1/1+ae-rt

Il a été estimé par application de la fonction réciproque logit à f(t)/K, en utilisant les propriétés de linéarisation d’une telle fonction.

Le maximum vers lequel la courbe tend asymptotiquement est estimé grâce à la linéarisation de Hubbert (cette technique est reprise de la note de Jean Laherrère sur le même thème).

 

La linéarisation de Hubbert qui utilise les propriétés de la dérivée première de la fonction logistique permet de repérer si l’évolution se stabilise et vers quelle valeur maximum tend cette évolution. Le graphique ci-dessous, avec en ordonnée le nombre de décès du jour rapporté au nombre total de décès, en pourcentage, et en abscisse ce nombre total de décès, montre (tendance estimée en bleu) que l’évolution se stabilise et que le maximum des décès atteindrait 9230 cas. Rappelons qu’il s’agit uniquement des cas recensés à l’hôpital et que le chiffre réel est supérieur d’au moins 50%.

 

Graphique 1 (après la note)

 

Le modèle logistique estimé (en bleu sur le graphique ci-dessous), concernant le nombre total de décès, rend parfaitement compte, à la fois du point d’inflexion (annulation de la dérivée seconde), de la nouvelle tendance et de son évolution asymptotique à la fin du mois d’avril. On peut en déduire l’évolution du nombre journalier de décès représenté en bleu sur le graphique en début de note. Le pic y apparaît clairement : le 3 avril. Lors de la dernière semaine de ce mois, le nombre de mort par jour devrait se rapprocher de zéro.

 

Graphique 2 (après la note)

 

Ce modèle est cependant très fragile ; le nombre de données est faible et la stabilisation récente. Il ne se réalisera que si le confinement se prolonge. N’oublions pas qu’il y aura encore 3600 morts à l’hôpital d’ici la fin du mois. La poursuite du confinement reste donc indispensable si l’on veut ne pas dépasser ce chiffre ou retarder la date de sortie, qui ne devrait pas intervenir avant la fin de la première semaine de mai.

Commentaires

  • Ton analyse a le mérite d être quantitative et permet de se projeter avec quelques incertitudes... La profusion d informations actuelles ne nous aide pas à être avoir une vision objective.
    Peux tu STP, nous donner ton avis sur les conséquences de cette situation sur l endettement en la France.

  • L'endettement va considérablement augmenter, mais il concerne tous les pays et pas seulement la France. Il est même prévu d'émettre des obligations spécifiques au niveau européen.
    Le remboursement ne pourra se faire que grâce à des mesures dérogatoires ou par l'inflation. Cette dernière solution est sans doute la meilleure.

  • Je vois que tu crois encore aux modèles alors même que ton propre commentaire montre qu'il faut en changer au fur et à mesure. Autrement dit le modèles court après les données qu'il est censé anticiper.
    Plus fondamentalement, en sciences sociales, la limite des modèles est très vite atteinte car il y a une rétroaction permanente des sujets sur le modèle qui les observent. Ainsi un modèle n'est "bon" que très transitoirement.
    J'ajoute que ton modèle ne prend pas en compte un fait évident lié à la capacité des hôpitaux. Supposons comme tu le fait que seulement 50% des personnes meurent à l'hôpital, ce chiffre est également variable. Ainsi une baisse théorique du nombre d'entrée (et/ou de morts) dans les hôpitaux sera immédiatement compensée par un accueil réel de personnes aussi important (car pas uniquement ceux qui sont à l'article de la mort (cas des hôpitaux débordés. ex. Italie)
    Les rétroactions humaines sont tellement importantes qu'un modèle n'est susceptible de ne s'appliquer qu'à un seul pays. Autant de pays autant de modèles. Comment tu explique les énormes différences entre les courbes restées pratiquement plates au Vietnam par ex. et vraiment exponentiel aux E.-U ? et même en France. Je suppose que tu utilise les stats journalière de l'université John Hopkins qui ont le défaut de ne pas être rétrospectives. Je les utilisais au début, mais pour avoir des séries longues (remontant au 21 janvier pour la Chine, j'utilise des stats de l'OMS. Difficile des les "copier-coller", mais après un long travail de tous le jours, j'ai pu me constituer de gros tableaux xls traçant les évolution (cas confirmés et décès) pour l'ensemble des pays du monde. C'est évidemment très éclairant.

  • Merci pour ton commentaire. Je connais bien la critique de Lucas que tu évoques puisque dans beaucoup des modèles que j'ai élaborés au cours de ma carrière les anticipations sont rationnelles et il a rétro-action sur les comportements. Je suis cependant étonné, connaissant tes positions théoriques, que tu fasses ainsi référence à un ultra libéral ; en outre la critique ne s'applique, comme tu l'indiques, qu'en sciences sociales. Ce n'est évidemment pas le cas ici en épidémiologie.

  • Bien sûr que si, il s'agit de science sociales. L'observateur fait partie de la chose observée (le nombre de cas, de décès). L'épidémiologie n'est pas une science de la nature (permettant de déterminer des lois fatales) mais bel et bien une science sociales lorsqu'elle s'applique aux hommes, puisque les comportements humains peuvent rétro-agir sur le modèle. Le Ro du covid-19 par exemple n'est pas le même dans chaque pays (une étude récente vient d'indiquer qu'il serait plus proche de 5 ou 8 que de 2 ou 3 tu vois l'écart !).
    Mon analyse n'a rien voir avec les anticipations rationnelles de Lucas qui visaient précisément, au contraire, à remettre du déterminisme en présupposant que les anticipations des agents en moyenne (pris collectivement) sont le modèle vrai de l'économie. Ma critique est plutôt celle que montre Keynes avec le concours de beauté. L'incertitude est radicale, non probabilisable, car il n'y a plus de référent autre que ce que les gens pensent que les autres pensent etc... Pour ma part, les sciences sociale ne sont pas et ne peuvent pas être de véritables sciences (rien à voir avec la physique et autres sciences de la nature) car les effets peuvent être auto ou contra réalisateurs (auto renforçant ou réfutant). Je l'ai montré dans un article (que Michel Aglietta cite dans son article: La preuve dans les sciences économiques, (L'Économie Politique n°078, 1 mai 2018). Mon article est dans HAL : Pourquoi la science économique n'est pas et ne peut pas être une science. (2009. 1re version 2001). Je peux te l'envoyer ainsi que celui d'Aglietta dont je partage l'analyse.

  • D'après l'article d'Aglietta que tu cites : "Certes, il y a une dimension de la médecine qui relève de la culture scientifique, par exemple l'épidémiologie..." (p.107). CQFD

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